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Inventaire des coléoptères La Réunion Décembre 2017
Deuxième contribution à l’inventaire des coléoptères de la région de Petite Ile, La Réunion
Mission effectuée du 20 décembre 2017 au 1er janvier 2018 par Michel GYMENT
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Analyse générale
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Rappel : La colonisation des îles par les insectes est étroitement dépendante de quelques facteurs clés, parmi lesquels l’existence de courants marins pouvant amener des débris végétaux, de courants aériens pouvant apporter de menus individus, l’importation ou non de denrées pouvant contenir larves ou imagos, mais surtout la proximité plus ou moins grande des côtes d’un continent (Madagascar, de par sa taille, peut être considéré comme l’équivalent d’un continent pour La Réunion).
De ce fait, il apparaît normal que La Réunion contienne moins d’insectes que Madagascar, d’autant que Madagascar faisait à l’origine partie de l’Afrique, dont elle s’est détachée, conservant une partie de la faune africaine en y ajoutant ses propres endémiques, alors que La Réunion est surgie des flots à la faveur d’un mouvement volcanique.
Les coléoptères de La Réunion, mis à part ceux qui y ont été importés, sont souvent minuscules et nécessitent une collecte essentiellement par battage, et une identification à la loupe binoculaire. Ils sont si petits, et si légers, qu’il vaut mieux éviter de respirer trop fort, et surtout d’éternuer, si on ne veut pas passer sa journée à essayer de les récupérer sur sa moquette ! Quelques uns, plus volumineux, peuvent se prendre au piège aérien, appâté soit au vin, soit à la bière, soit à la banane (ou autres fruits de saison).
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Nouveauté : j’ai pu disposer de la possibilité de chasser chaque nuit, dans un jardin privé, en utilisant la méthode dite du « drap » lumineux. Le « drap » en question était en fait un voile blanc d’hivernage, très léger à tranporter par avion. Je l’avais lesté d’une abondante quantité d’aimants, et j’ai dû le stabiliser in fine par l’adjonction d’une ficelle l’empêchant de se soulever à l’horizontale sous l’action d’un violent vent marin. L’ampoule (une lampe à vapeur de mercure de 160 W) était directement reliée à une prise de courant électrique domestique. Malheureusement le procédé a eu très peu de succès, et comme je devais choisir de dormir soit le jour soit la nuit, j’ai préféré ne pas trop insister sur la chasse de nuit et me consacrer majoritairement à mon activité nettement plus productive de collecte diurne.
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Conditions météorologiques : à Petite-Ile, il pleut souvent dans les hauteurs, beaucoup moins souvent en bordure de mer. A plusieurs reprises, j’ai dû abandonner ma prospection dans la Forêt de Bel-Air, mon parapluie japonais étant tellement trempé qu’il en devenait carrément inutilisable.
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Quelques photos
Voici le Plan de Petite-Ile : il comporte de nombreux lieux-dits. La zone à prospecter commence au niveau de la mer et se termine vers 1200 m d’altitude, où se trouve d’ailleurs le site de collecte le plus intéressant (la forêt de Bel-Air).
Le drap, photographié lors d’une saute de vent (qui avait projeté les aimants au sol), puis pendant une accalmie (par la suite une épaisse ficelle a été ajoutée à la hauteur des aimants) :
Adoretus sp. Aphanopentes acutipennis
Batrachorina vulpina Ceresium flavipes
Cratopus sumptuosus Protaetia aurichalcea
Pelocophora vittata Stenocylidrus obsoletus
Leptaulaca undecimpunctata Cratopopsis bistigma (in vivo)
Phasme (sur mon “parapluie japonais”)
Les limaces de La Réunion ne ressemblent guère à celles de la Métropole :
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Espèces répertoriées lors de la mission :
FAMILLES/Espèces Nombre
ANTHRIBIDAE
Anchoragus balius
1
Caranistes dyonysus
1
BOSTRYCHIDAE
Dinoderus bifoveolatus
5
Xylothrips flavipes
2
CARABIDAE
Pentagonica sp.
1
CERAMBYCIDAE
Anisogaster bicolor
2
Anisogaster flavicans
3
Anisogaster unicolor
1
Batrachorina vulpina
1
Ceresium flavipes
6
Hologaster impressiusculus
40
Spathuliger coquereli
4
Spathuliger fasciolatus
4
Spathuliger gomyi
1
CETONIIDAE
Protaetia aurichalcea
17
CHRYSOMELIDAE
Aspidimorpha quinquefasciata
1
Chaetocnema confinis
3
Chrysomelidae non identifié
8
Leptaulaca undecimpunctata
2
Lymidus bimaculicollis
13
CLERIDAE
Malthacodes elegans
3
Stenocylidrus obsoletus
3
COCCINELLIDAE
Chilocorus nigritus
3
Exochomus laeviusculus
38
Lindorus lophantae
1
Olla v-nigrum
2
Platynaspis capicola
2
Psyllobora (Thea) variegata
16
Scymnus constrictus
1
CURCULIONIDAE
Cratopopsis bistigma
9
Cratopopsis nitidifrons
4
Cratopus aeneoniger
14
Cratopus brunnipes
51
Cratopus frappieri
69
Cratopus humeralis
2
Cratopus leucophaetus
23
Cratopus nanus
166
Cratopus punctum
6
Cratopus sumptuosus
9
Naupactis cervinus
10
Pentarthrum sp.
1
Sternochetus mangiferae
1
Syzygops acuminatus
23
Syzygops coquereli
1
Syzygops cyclops
3
Syzygops lemagneni
2
Syzygops schotti
8
DASYTIDAE
Pelocophora marginalis
4
Pelocophora vittata vittata
29
Trichostola vetista veridicata
14
ELATERIDAE
Aphanopenthes acutipennis
14
Megapenthes confusus
1
Megapenthes rousseli
7
ELMIDAE
Stenelmis sp.
1
EUCNEMIDAE
Eucnemidae sp.1
4
Eucnemidae sp.2
1
Fornax cariei
1
HOPLIIDAE
Amorphochelus retusus
1
MACRAULACINAE
Fornax leseleuci
1
MELOLONTHIDAE
Hoplochelus marginalis
4
NITIDULIDAE
Carpophilus dimidiatus
1
Carpophilus mutilatus
1
Carpophilus sp.
1
PTILIIDAE
Ptiliidae sp.1
1
Ptiliidae sp. 2
1
Ptiliidae sp.3
1
Sulcoptinus minimus
2
Trymolophus nobilis nobilis
3
RUTELIDAE
Adoretus sp.
1
SALPINGIDAE
Inopeplus darutyi
1
SCOLYTINAE
Crossotarsus formosanus
1
SERICIDAE
Hyposerica borbonnica
1
Maladera affinis
2
TENEBRIONIDAE
Alphitobius laevigatus
1
Enicmosoma burbonense
1
Enicmosoma insulare
2
Nemostira martirei
1
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Conclusions
Ce deuxième inventaire a permis de déceler des familles qui n’étaient pas apparues lors du premier, réalisé à la même période en 2015, avec notamment un Carabidae et un Elmidae très intéressants. Signalons qu’aucun Elmidae n’était mentionné à ce jour dans le catalogue monumental des coléopères de La Réunion réalisé par une équipe de scientifiques de très haut niveau. Les informations résultant de cet inventaire ont été mises à la disposition de cette équipe, de manière à contribuer à la mise à jour de ce catalogue.
Lors de cette deuxième mission, 77 espèces ont été détectées, contre 55 lors de la première.
Ces faits montrent tout l’intérêt, pour un même lieu, à ne pas se borner à un inventaire unique. Ils permettent également de s’assurer qu’au cours de ces deux dernières années, aucune dégradation de l’environnement entomologique ne s’est produite dans la région considérée.
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